lundi 24 octobre 2011

Aujourd'hui, je suis officiellement papy-sitter...

La barbe ! Comme si je n’étais pas déjà assez occupé comme ça. Mes cours, les répétitions avec mon groupe, et pour couronner le tout, ma mère me demande de faire le papy-sitter… Ça, c’est ce que j’appelle une vie d’ado épanoui !

Vous vous demandez sans doute pourquoi je suis aussi accablé à l’idée de promener mon grand-père… On voit que vous ne le connaissez pas. Il est un peu la contradiction incarnée : c’est l’homme à la fois le plus intelligent et le plus socialement inadapté que je connaisse ! Je passe sur son nom : Melkaridion. Je sais, nous sommes spécialistes des noms bizarres dans la famille… C’est un peu notre héritage ; Melkaridion, donc, mon grand-père, est très âgé : à le voir, on dirait qu’il a cent ans. Mais à l’entendre parler, il semble encore plus vieux. Je précise : il n’est pas vieux au sens de « gâteux », mais de « sage ». Quand il vous regarde… j’ai du mal à vous expliquer. David a eu des mots assez justes pour le décrire. L’autre jour, il a rétorqué à Elton qui essayait de tourner grand-père en ridicule : « J’aimerais te voir à cent ans passés, si tu survis d’ici là. Il a l’air doué, le grand-père. T’as jamais croisé son regard ? Fais l’expérience et tu te sentiras petit, petit… Même pas ton mètre soixante ! ».

En clair, j’ai donc un infini respect pour lui. Mais en même temps, il a le don de se mettre dans des situations assez embarrassantes. Depuis peu, il semble être atteint par la maladie d’Alzheimer. Il commence à tout mélanger : ses connaissances historiques, ses propres souvenirs, sa perception de la réalité… Et là, c’est le drame : il se met à parler aux arbres, il rejoue intégralement la scène d’une bataille historique en prétendant être le conseiller en sorts de Louis IX, il raconte ses conversations avec Louis XVI ou Napoléon, et il hurle de surprise à la vue d’un banal « cab » new-yorkais. Le pire, c’est qu’il fait tout cela au beau milieu de la rue, sans même se soucier du regard des passants ou des voitures qui manquent de le renverser. Bref, il est clair qu’on ne peut pas le laisser se balader tout seul…

Ah, et j’ai failli oublier le petit détail qui tue : il ne se sépare jamais de sa souris, Simone, qu’il considère comme sa « conseillère ». Autant vous dire que l’emmener en balade, ce n’est clairement pas une promenade de santé, sans ce mauvais jeu de mots. Avec lui, c’est dur de passer inaperçu dans la rue. Cela m’étonne que ma mère, toujours préoccupée du fait qu’on paraisse les plus normaux possible, n’y ait pas pensé.

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