mardi 25 octobre 2011

"À la gloire de mon père"

Depuis la dernière fois, j’ai essayé par tous les moyens d’échapper à la corvée du papy-sitting. Envoyer ma sœur à ma place ? « Trop jeune ! Elle n’a que onze ans ! » Prétexter une tonne de devoirs ? « Comme si tu avais besoin de réviser pour réussir… » Un rhume ? « Mais tu n’es jamais malade ! ».

Et finalement, mon père m’a convaincu. Il est tout de même doué. Il a réussi à faire d’une corvée un honneur… J’ai comme l’impression de m’être fait avoir ! Mais laissez-moi vous parler un peu de lui.

Son nom d’abord : Rodolpherus (je vous avais bien dit que ma famille avait le don de trouver des prénoms complètement improbables !). Signes distinctifs : une érudition phénoménale et une incroyable capacité à « arrondir les angles ».

Il travaille actuellement à l’Observatoire astronomique de New York. Mais j’ai parfois l’impression que ce n’est qu’un vulgaire passe-temps pour lui. C’est sans aucun doute la personne la plus érudite et cultivée que je connaisse. Philosophie, littérature, musique, sciences dures… Aucune œuvre, aucune théorie ne semblent avoir de secret pour lui… Un peu comme s’il avait lu chaque ouvrage de la bibliothèque municipale de New York. Alors, certes, il y passe énormément de temps, mais tout de même, comment un homme peut-il ingurgiter une telle quantité de savoir ? A priori, cela semble inexplicable !

Non seulement il connaît tous ces ouvrages, mais surtout il les a complètement compris et assimilés ! La théorie de la relativité d’Einstein est limpide pour lui, tout comme l’est la pensée de Descartes… Il est aussi tout à fait capable de réciter par cœur l’intégralité des Misérables de Victor Hugo. Il y en a qui ont l’oreille absolue, mais lui, j’ai l’impression que c’est sa mémoire qui est absolue. C’est effrayant ! Apparemment, j’aurais hérité d’un peu de son talent, ce qui explique mes facilités à l’école ou pour apprendre la guitare.

Bref, si je peux vous donner un conseil : ne vous lancez pas dans un Trivial Pursuit contre lui, vous êtes sûrs de perdre… Ou plutôt, non, il vous laissera gagner, pour cacher son talent. Tout comme ma mère, mon père est persuadé qu’il vaut mieux se faire discrets et nous fondre dans la masse ! Et il est passé maître dans cet art. Par exemple, dans la rue, il ressemble à n’importe quel employé de bureau, avec son banal costume noir, sa cravate bien nouée, ses petites lunettes (qui ne lui servent d’ailleurs à rien puisque sa vue est parfaite !) et sa coiffure de premier de la classe. Et dès qu’il rentre à la maison, c’est la métamorphose : on passe de l’individu lambda au quadragénaire sexy style Georges Clooney. Allez comprendre… En tout cas, quand on le voit comme ça, on comprend pourquoi ma mère en est tombée follement amoureuse et pourquoi, aujourd’hui encore, elle continue à l’admirer.

Bon, faut que je file. La suite du portrait de mon père au prochain épisode !

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